Palais prussiens et art de la rue l’artiste Julia Theek

05.06.2008, Tagesspiegel/PNN
L’artiste Julia Theek est actuellement présente à deux endroits. Les images de son cycle d’aérographie « Palais prussiens », désormais achevé, peuvent être admirées dans l’exposition « Printemps prussien II » de la galerie Sehmsdorf et dans la villa de la MBS.
La manière dont Theek utilise la technique de l’aérographe, un « art de la rue », pour ses tableaux est inhabituelle. Elle transpose des vues architecturales fascinantes dans des formes de création nouvelles et contemporaines. La petite-fille du peintre Paul August, originaire de Potsdam, dit d’elle-même de manière ambiguë : « J’ai appris à marcher dans le parc Sanssouci. C’est là, sur les bâtiments du parc, que mon grand-père m’a transmis le plaisir de connaître précisément l’architecture avec un crayon et de mettre des accents sur le papier ». Il lui a ouvert les yeux, lui a enseigné sa vision. En l’écoutant, on voit clairement se cristalliser l’influence de son grand-père sur son parcours vers l’art. Paul August fut l’un des rares peintres à recevoir, après la guerre, la commande de la municipalité de Potsdam de peindre les ruines de la ville. Il a tourné le dos au centre de Potsdam lorsque le château a été démoli et s’est davantage tourné vers Sanssouci. « Il a toujours défendu avec véhémence le caractère unique de cet édifice baroque du nord de l’Allemagne », se souvient Julia Theek. Aujourd’hui, le château est en cours de reconstruction. Il est compréhensible qu’elle se soit engagée dans la publication du calendrier artistique de bienfaisance 2008 au profit de la restauration de la statue de Minerve du château municipal de Potsdam. Son tableau de donation « Das Friedensopfer » a pu être vendu aux enchères pour 1700 euros.

Lorsque l’artiste, née en 1966, parle de son travail, elle dégage une énergie renversante. Les techniques mixtes à l’acrylique et à l’aérographe sont sa marque de fabrique. « Je ne viens pas du milieu du grafitti, mais cette technique m’a enthousiasmée. C’est ce qui l’a poussée à s’initier à la technique de l’aérographe à l’aide d’épingles à peinture auprès des « motards en cuir dans une arrière-boutique de Neukölln ». Comme pour la gravure sur bois, il faut découper un pochoir filigrane pour chaque couleur. Les jeux de pochoirs de 10 à 15 pièces permettent ensuite de réaliser jusqu’à six œuvres différentes.
Julia Theek expose depuis 1988, notamment en 1992 dans le cadre de « 37 Räume » dans la Auguststraße à Berlin, une exposition qui fait désormais partie de l’histoire de l’art récente. Depuis le milieu des années 90, elle se tourne de plus en plus vers le cinéma. Elle a réalisé des documentaires culturels, des vidéos musicales et des films d’art qu’elle a produits elle-même. Elle aime associer ses travaux à des thèmes d’histoire de l’art. Son dernier tableau, intitulé « Luise – Bilderbogen update 2008 », est actuellement son œuvre préférée et peut être vu à la galerie Sehmsdorf. Comme modèle, elle a étudié de nombreux portraits contemporains de Luise. Elle s’est surtout orientée vers le masque mortuaire. « Ma représentation est une interprétation très actuelle de Luise en tant que femme romantique, en tant qu’opposante à Napoléon et, pour finir, en tant que reine mature », explique l’artiste.
Elle a conçu un livre d’art pour la série « Palais prussiens ». Les palais qu’elle a représentés ne se trouvent pas dans la réalité, ont été détruits depuis longtemps ou n’ont jamais été construits. Le seul « palais prussien » réellement mentionné se trouvait d’ailleurs au Caire. Le projet de Reichstag que vous avez choisi, à la Antonio Gaudi, n’a jamais été construit. Quant au château d’Oranienburg, elle l’a peint comme une usine chimique où l’on développait autrefois des peintures à l’aniline et des bougies en stéarine. Ute Kaupke